« Retrouver des abeilles et des papillons dans les Monts d’Arrée »

Les néonicotinoïdes, substances au nom difficilement prononçable, sont accusés depuis de nombreuses années de paralyser puis de tuer les abeilles. L’Union Européenne a prononcé cette semaine l’interdiction de ces substances en Europe d’ici la fin de l’année – du moins dans tous les usages extérieurs (l’utilisation dans des serres fermées reste donc possible).

Les abeilles sont un élément clé de notre biodiversité

Les conséquences de cette chimie nocive, visant initialement à protéger une agriculture prospère, sont réelles pour notre environnement mais aussi pour notre modèle économique et social.
L’utilisation de ces substances dans les champs entraîne la mort de nombreux cheptels d’abeilles, éléments clés de notre biodiversité mais aussi de l’équilibre de la vie humaine sur Terre. Ces morts d’abeilles régulièrement dénoncées provoquent aussi la souffrance voire la disparition de mielleries locales et de nombreux apiculteurs. Ces derniers expriment depuis trop longtemps leur souffrance, le printemps arrivant, en constatant avec désolation la perte de leur outil de travail. Les effets des néonicotinoïdes comptent double : la perte des abeilles aujourd’hui présage une perte d’exploitations apicoles demain.Réjouissons nous donc de cette décision européenne sur les néonicotinoïdes. Pour autant, doit on être pleinement rassurés ? Les premières dénonciations de l’usage des néonicotinoïdes et de leur impact sur les abeilles datent de la fin des années 90. Il aura donc fallu attendre 20 ans pour que l’Union Européenne agisse fermement sur le sujet. En France, la décision est intervenue en 2016 soit un peu plus tôt certes, mais tardivement tout de même. En effet, en Juin 2016, le projet de loi sur la biodiversité, porté par Ségolène Royal annonçait l’interdiction de 7 substances néonicotinoïdes à partir de Septembre 2018.

Aurions-nous laissé les abeilles disparaître si elles avaient été des bovins ?

La force des lobbys à Bruxelles et Strasbourg aura donc permis de laisser 20 années d’usage des ces substances au profil d’une agriculture bien trop souvent irrespectueuse de la nature et de la ressource. Comme le dénonce Sébastien Barbier, apiculteur de la Miellerie des Monts d’Arrée, aurions nous laissé les abeilles ouvrières disparaître ainsi si elles avaient été des bovins ou des porcins ? Probablement pas et des aides à destination des producteurs auraient rapidement été débloquées dans l’urgence. Pour les abeilles, nulle précipitation et nulles aides aux apiculteurs.L’inquiétude peut être légitime d’imaginer Bayer ou les autres producteurs de cette chimie corrosive produire demain de nouvelles substances détruisant toujours les cheptels d’abeilles pour promouvoir d’autres cheptels agricoles. Si ces futures substances (probablement déjà en cours d’élaboration) ne rentrent pas dans l’appellation des néonicotinoïdes, elles seront très probablement autorisées. Devrons nous attendre encore 20 ans pour que l’Union Européenne intervienne fermement ? Si tel est le cas, nous n’aurons plus d’apiculteurs dans nos campagnes, plus de ruches dans nos entourages, plus de miel dans nos marchés, plus d’abeilles pour faire vivre la flore et la faune et ainsi moins de vie sur Terre.

Quelle Europe voulons-nous ?

L’exemple des néonicotinoïdes doit nous permettre de nous interroger sur notre Europe et sur son modèle. Certains diraient que face à ce fléau et cette absence de fermeté, il faudrait moins d’Europe En réalité, c’est bien l’inverse qu’il faut promouvoir. L’Europe doit se renforcer pour lutter fortement et rapidement contre ces atteintes à notre environnement. Les abeilles ne connaissant aucune frontière, l’échelle nationale ne suffit plus quand il s’agit de défendre et protéger le bien commun.

Revoir des abeilles et des papillons dans les Monts d’Arrée

Personnellement, parce que je veux revoir des abeilles et des papillons dans les Monts d’Arrée, je fais et ferai le choix d’avoir plus d’Europe pour faire face à ces atteintes inacceptables à notre environnement. Plus d’Europe certes mais une Europe sociale-démocrate qui défend et qui protège, pas d’une Europe libérale qui hésite et qui laisse faire. Ensemble agissons pour donner un sens social et écologiste à l’Europe pour en finir avec une Europe libérale soumise aux marchés.

En soutien à la Miellerie des Monts d’Arrée qui a perdu 80% de ses ruches à la sortie de l’hiver, une cagnotte est ouverte pour participer au maintien de cette activité vitale pour notre environnement. Lien : https://www.leetchi.com/c/soutien-a-la-miellerie-des-monts-darree