Communiqué de presse – Ferme usine de Commana

Image : Pixabay

BREST, le 26 Juin 2019

Profondément attaché au territoire de Commana dans les Monts d’Arrée où j’y ai passé mon enfance et adolescence, je souhaite exprimer ma vive inquiétude quant au projet agricole situé à proximité du village du Mougau à Commana.

En effet, un dossier d’enregistrement d’ICPE (Installation Classée pour la Protection de l’Environnement) a été déposé en préfecture récemment pour l’extension d’une ferme agricole. Le dossier déposé et accessible au public, bien qu’il comporte des zones floues voire incomplètes, ne semble présenter que la seule extension de l’élevage existant alors qu’il s’agit en réalité d’une extension accompagnée de la création d’un méthaniseur ainsi qu’un plan d’épandage nécessairement ajusté.

400 vaches laitières en stabulation sur caillebotis additionnées aux 37 000 volailles existantes, il ne s’agit pas d’une petite ferme locale d’agriculture raisonnée. La projection de voir cette exploitation devenir une véritable usine agricole en plein cœur du Parc Naturel Régional d’Armorique, à moins de 400 mètres d’une zone Natura 2000 et quelques centaines de mètres de l’Espace Naturel Sensible de la tourbière du Mougau m’inquiète tout comme nombre d’associations de protection de l’environnement et des habitants de la zone.

La préservation des ressources naturelles est une préoccupation de l’ensemble des citoyens et des élus pour qui l’urgence environnementale est plus qu’une simple prise de conscience mais bien un combat au quotidien. Les diverses études internationales le démontrent : l’urgence n’est plus seulement de faire diminuer les comportements polluants mais également de construire une société résiliente capable de faire face aux bouleversements déjà créés. De ce fait, l’agriculture intensive et productiviste est un modèle agricole en totale contradiction avec les enjeux environnementaux actuels et futurs. La logique de recherche de “compromis” entre activité agricole ou économique et l’environnement ne peut plus durer. Pour autant, le “Diagnostic Biodiversité” présent dans le dossier conclut qu’un “compromis entre performance économique et préservation de la biodiversité végétale et animale doit être (…) recherché” après avoir détaillé que 6 000 mètres de talus peuvent être supprimés.

En termes de ressources naturelles, la préservation de la ressource en eau et de sa qualité est particulièrement sensible sur ce dossier. Cette future usine située à proximité immédiate de captages d’eau publics alimentant de nombreux habitants, en amont de quelques dizaines de mètres de la rivière du Mougau alimentant le lac du Drennec, ponctionnant demain près de 22 000 m3 d’eau par an dans le réseau public en plus des 2 captages privés existants pour l’exploitation fait porter des risques très importants pour la qualité des eaux potables de Commana jusqu’à Brest mais aussi sur leurs quantités. Les régulières alertes sur le niveau et la qualité des eaux du lac du Drennec font de ce bassin versant une zone d’une extrême fragilité.

Le plan d’épandage des substrats issus du méthaniseur, fortement concentrés en Azote, est absent du dossier ce qui ne permet pas d’évaluer précisément les futurs impacts. En revanche, ces épandages de boues seront réalisés en Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF). Il parait donc primordial de pouvoir mener des études approfondies sur l’impact environnemental de ces épandages.

Tenant compte de l’ensemble de ces aspects qui alimentent à la fois un doute sur la complétude du dossier mais aussi une liste non négligeable de risques pour l’environnement, je souhaite alerter sur la nécessaire approche globale de la future exploitation située au sommet du château d’eau des finistériens. Une requalification au régime des autorisations et non des enregistrements des installations classées me semble nécessaire au regard de la fragilité environnementale de la zone et du cumul des enregistrements déjà réalisés par cette même exploitation permettant ainsi de préciser et d’approfondir les études d’impacts environnementales.

Communiqué de presse transmis aux rédactions le Mercredi 26 Juin 2019